Entretien avec Clara, gagnante de mars

La photographie de Clara a remporté les suffrages de notre jury pour la première des six thématiques de notre concours la Pelloche d’Or. Construit sur six mois, chaque gagnant mensuel pourra participer à la grande finale du mois d’Octobre à Paris. Le mois de mars était “Egalité”, l’occasion pour notre gagnante d’en exposer sa vision ainsi que de nous présenter son univers, avec optimisme et poésie.

Pelloche-Moi : Bonjour Clara ! Tout d’abord, félicitations pour cette victoire !
Pourrais-tu te présenter en quelques phrases ?
Clara : Aloha ici ! Je m’appelle Clara. Pendant la journée, je suis docteure en droit et consultante en démocratie participative. Le reste du temps, je suis une grande passionnée : lecture, dessin, écriture, musique, photographie… Voilà pour ce que je fais ! Sinon, mes amis diraient de moi que je ris trop fort, que je suis attentionnée et un peu trop fleur bleue, et que je suis épouvantable quand je fais des grimaces (mais bon, c’est le but).

“Mon appareil photo, je le dégaine à la Lucky Luke dès que je vois quelque chose qui me touche : une lumière, une scène de vie…”

Pourrais-tu nous décrire l’intention de la photographie proposée pour la thématique « Egalité » ?
C’est assez marrant car je n’avais pas pris cette photo en ayant particulièrement en tête le thème de l’égalité. J’étais dans la maison de mes grands-parents, c’était le printemps et le linge humide diffusait une belle odeur de propre qui se mêlait à celle du jasmin.

La lumière était jolie, j’ai dégainé : c’était un bel instant, un petit détail du quotidien que j’aime d’ordinaire immortaliser.

C’est plus tard, lorsque j’ai publié la photographie sur mon compte que j’ai ajouté un texte en lien avec l’égalité et qui donne, à mes yeux, son sens à cette image : “Mon chiropracteur m’a dit de lutter contre la sédentarité en faisant des tâches ménagères. J’ai donc étendu mon linge en me demandant si je ne venais pas de me faire niquer par le patriarcat”.

Quand je te dis Egalité, à quelle personnalité cela te fait-il penser ?
Question HYPER difficile ! Il y aurait tellement de références, selon le type d’égalité que l’on souhaite défendre.

On pense toujours évidemment à l’égalité femme/homme, et la liste serait longue (une pensée émue tout de même pour Gisèle Halimi même si je pense qu’il y a aussi tellement de femmes contemporaines qui sont des icônes de cette lutte), mais en réalité il y a énormément d’enjeux derrière ce terme : racisme, sexisme, homophobie, xénophobie, tous ces mots en “isme” ou en “bie” qui font flipper.

Si je devais citer un nom, ce ne serait pas une personnalité mais une institution : le Défenseur des droits, dont la mission est justement de lutter contre les discriminations et de promouvoir l’égalité.

Depuis combien de temps prends-tu des photographies en argentique ?
Si on est tout à fait honnête : depuis quasiment trente ans ! Mais je triche : j’ai grandi dans les années 90 et il arrivait que mes parents m’achètent un appareil jetable lorsque je partais en voyage scolaire.

J’ai ensuite fait une énorme pause jusqu’au jour où, c’était à l’été 2016 je crois, j’ai retrouvé au fond d’un vieux bureau de mes grands-parents leur Canon AE-1 comme neuf ! À l’époque j’avais un hybride numérique de chez Fujifilm. J’ai shooté ma première pelloche par curiosité, c’était juste avant les élections présidentielles de 2017. Quand j’ai reçu mes tirages, j’ai instantanément mis en vente mon Fuji et je n’ai plus jamais touché un numérique depuis !

Peux-tu nous raconter comment se déroulent tes sorties photos ? As-tu un rituel ou une routine photo de particulier ?
Je ne fais jamais de sortie photo. Je déteste ! J’ai l’impression de me forcer à devoir prendre des photos et à identifier des instants que je pourrais trouver “jolis”. C’est forcé, ce n’est pas naturel, ce n’est pas moi ! Mon appareil photo, je me le trimballe en général souvent dans mon sac et je le dégaine à la Lucky Luke dès que je vois quelque chose qui me touche : une lumière, une scène de vie…

Je l’embarque aussi évidemment à chaque fois que je pars en vacances et là j’ai deux usages : les photos de touriste avec un point & shoot, les photos que j’essaie de faire un peu plus jolies avec mon Canon.

“Avec le film, on prend le temps, on réfléchit sa photo, on ne mitraille pas des clichés qu’on stocke ensuite sur une pellicule et qu’on ne regarde plus jamais. (…) Ce sont des souvenirs qui restent, de futurs trésors !”

Dans un monde où le numérique facilite la prise d’images, pourquoi choisir l’argentique ?
C’est tellement plus beau ! Et plus rare aussi. C’est d’ailleurs ce que disent souvent les photographes qui shootent à l’analogue : avec le film, on prend le temps, on réfléchit sa photo, on ne mitraille pas des clichés qu’on stocke ensuite sur une pellicule et qu’on ne regarde plus jamais.

On fait une photo, et si elle est ratée, tant pis ! Aussi, je fais toujours des tirages de lecture de mes images : ça me permet ensuite de faire des albums photos papier… Comme ma Maman. Ce sont des souvenirs qui restent, ce sont des futurs trésors !

Quel est ton appareil photo argentique favori ?
J’ai (presque) toujours shooté avec le Canon AE-1 et je dois dire qu’il est super. Néanmoins, j’ai eu la chance immense de pouvoir shooter une pellicule au Leica M6 avant qu’un gros … ne me le vole, et je dois dire que c’était sharp de chez sharp et que j’aurais aimé pouvoir jouer avec un peu plus longtemps…

Quel est ton ou ta photographe préféré et pourquoi ?
Encore une question trop diffficiiiiileeee !! Deux icônes me viennent en tête : Helmut Newton et Jean-Marie Périer. Parmi les photographes de ma génération, il y a tellement de personnes talentueuses ! J’aime énormément le travail de Marina Germain, de Victor Deweerdt et de Clothilde Redon.

Un conseil à donner pour un apprenti-photographe argentique ?
GO. FOR. IT.. Mais il faut prendre son temps, ne pas shooter n’importe quoi, réfléchir à sa photo… Pour la technique, demander des conseils aux gens qui shootent, notamment sur la gestion de la vitesse et de l’ouverture pour apprendre à jouer avec la lumière, le flou… Bien choisir son appareil, essayer plein de pellicules différentes et surtout… faire des économies parce que c’est une passion de plus en plus chère malheureusement

Un grand merci à Clara d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. Vous pouvez la suivre sur son instagram pour découvrir ses autres photographies (qui valent le détour!). Clara, on te donne rendez-vous en Octobre pour la grande finale de la Pelloche d’Or où ta photo sera exposée !

En attendant, le thème du moment, “Artisanat”, est toujours ouvert aux participations. Toutes les infos disponibles sur la page dédiée de notre site, et sur notre compte instagram @Pellochemoi